Communisme libertaire et les kibboutzim

Archives d’une contradiction

riot
3 min readApr 18, 2024
Carte des colonies juives travaux agricoles Keren Hayesod entre 1921–1946. Agence juive, département de la colonisation agricole. Office d’irrigation ; Palestine Licenced Surveyors Union.

La mouvance libertaire s’est toujours confronté à la contradiction de son alignement avec le Progrès et la Modernité face à sa proclamation de la liberté, qui s’est présenté très tôt sous forme d’un anti-impérialisme et d’un anti-colonialisme (du moins en théorie). La colonisation de la Palestine n’y fait pas exception. S’il y a eu un anti-colonialisme libertaire et paternaliste, comme celui d’Élisée Reclus, qui se parait d’universalisme et critiquait les colonies libertaires pour leur escapism, leur délaissement de la guerre sociale. Ce dernier défendait toujours une formule lockéenne (et donc coloniale) de la propriété. À la différence d’autres aveuglements des libertaires face au colonialisme, la défense du colonialisme sioniste s’est faite au nom du socialisme. Ainsi Auguste Souchy pouvait écrire en 1960, 12 ans après la Nakba:

« Aujourd’hui, les communautés agraires en Israël sont, de facto, la seule réalisation du socialisme volontaire dans le monde »

S’il y avait déjà eu des controverses dans le milieu libertaire francophone lors des révoltes arabes des années 30, c’est après 48, puis avec la fondation de la résistance armée palestinienne, qu’il devient impossible (pour tout libertaire un tant soit peu honnête) de nier le caractère fasciste et colonial du sionisme.

Malgré cela, l’appel constant d’un socialisme communautaire, mais colonial, reste présent dans les milieux libertaires. Il s’agirait de s’en débarrasser. Dans un but d’archives, afin d’illustrer les contradictions, 4 articles sont republiés plus bas, un de Socialisme ou Barbarie, 3 de Noir et Rouge. Deux critiquent clairement le colonialisme sioniste, deux autres le relativisent à travers les kibboutzim. Tous écrits dans les années 50 et 60, soit pendant ou après la guerre d’Algérie, après la Nakba, mais avant la guerre des Six Jours. La dissonance entre ces textes vient illustrer la contradiction totale entre la possibilité d’un anti-colonialisme anti-autoritaire et l’utopie d’un socialisme colonial, le kibboutz.

Dans un effort de mémoire, ces articles seront complémentés d'illustrations, d’archives, ayant pour but de dénoter le caractère colonial des kibboutzim (faute d’indication contraire les photos sont issues de From Palestine to Israel A Photographic Record of Destruction and State Formation, 1947–1950, d’Aisha Azouley et contiennent les descriptions détaillées du livre en Alt). Leur rôle dans l’ethno-nationalisme qu’est le sionisme et leur relation au nettoyage ethnique des arabes. Dans un second temps, un article critique articulera les contradictions entre ces textes, en les faisant se répondre, et en s’appuyant, pour donner un contexte additionnel en s’appuyant sur le livre Colonizing Palestine — The Zionist Left and the Making of the Palestinian Nakba de la sociologue palestinienne Areej Sabbagh-Khoury.

Anticolonialisme

Français d’Algérie = Israël — J. Presly (Noir et Rouge N2, été 1956)

Les kibboutz en Israël — Socialisme ou Barbarie N30 (Avril-Mai 1960)

Anarcho-sionisme

Collectivités volontaires en Israël — Noir et Rouge N23 (février 1963)

Quelques remarques… Sur les kibboutzim — Noir et Rouge N23 (février 1963)

Commentaire

Analyse critique du sionisme comme cas de colonialisme libertaire (WIP)

Manifestation anti-sioniste, devant la Porte de Damas, Jérusalem, le 8 mars 1920.

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Anti-authoritarian thoughts and post-identity politics. Original texts, translations and archives in French, English and Spanish. @riots_blog