Subsendance (Discord thread)

riot
3 min readOct 13, 2019

--

S’il y a des personnes qui suivent Philosophy Tube, elles auront peut-être retenu le nom de Timothy Morton, le philosophe des Hyperobjets. Pour faire court, Morton est un philosophe qui tente de penser l’impact du réchauffement climatique sur nos façons de conceptualiser le monde, et les hyperobjets sont un moyen de comprendre le réchauffement climatique.

Un hyperobjet c’est un objet qui ne peut pas se définir de la même façon que l’on comprend traditionnellement les objets (des choses qui se touchent, qui sont précisément situées dans l’espace, et le temps. En résumé un hyperobjet (en prenant l’exemple du réchauffement) c’est cette chose non-concrète (on ne touche pas le climat), qui n’est pas localisé (le climat est partout et nulle part, et pas le même selon l’endroit), qui n’est pas consistent dans l’espace-temps (le climat varie, est relativement intemporel bien que différent à un moment donné), qui est perçu différemment à différents niveaux (l’effet du réchauffement a des effets diffèrent sur les glaces, sur les mers, sur les sols, etc.).

De cette pensée sur les objets complexes, Morton tire un autre concept cependant, celui de “Subscendance” (l’inverse de la transcendance donc).

La subscendance c’est le terme qu’il utilise pour désigner ces gros objets ou ces constructions sociales dont les parties débordent largement du tout. C’est-à-dire que les parties ont une certaine autonomie qui leur permet de dépasser le cadre de ce que la structure est.Pourquoi est-ce que je veux parler de ce concept? Parce que traditionnellement la gauche on a tendance à ne parler que de structure, du tout, de se concentrer sur une certaine fiction qui voudrait que parce qu’une structure existe alors les composants sont parfaitement surdéterminés (c’est-à-dire déterminé en dernière instance) par la structure elle-même. Et j’aimerais proposer que:

  1. ce n’est pas toujours le cas
  2. cela diminue grandement le potentiel de nos politiques

Pour illustrer le potentiel de ce concept, et l’impact politique qu’il peut avoir, je prendrais en exemple le système de genres.

Le système de genres peut être entendu comme un système constamment “subscendé” par ses parties. Pour faire court, on va dire que le système de genre est une formation historique qui permet de normer les comportements de groupe d’individus, former leur corps, leur psyché et leurs relations (on pourra rentrer dans les détails de ce concept plus tard). Si on veut visualiser ça de façon traditionnelle, le système pourrait être un cercle qui encadre les composantes, les empêchant de sortir de ses lignes. Si ce cercle était colorier telle une rossasse, chaque couleur serait un genre, mais certaines couleurs seraient dominantes, deux binarités tout d’abord, et une couleur “primaire” qui représenterait la masculinité hégémonique, qui serait garante de l’ordre des couleurs.

Au contraire si l’on prend le genre comme subscendance, le modele précédent serait dépassé de toute part, le cercle lui-même se verrait déborder par les couleurs qui ne se verraient pas contenir par la couleur primaire (la masculinité hégémonique). Cela permettrait de comprendre toutes les approches des politiques de genres qui ont été développées dans les cultures LGBTQ+ et d’ouvrir des opportunités de pratiques politiques, culturelles et sexuelles. Et c’est là l’avantage qu’a l’idée de voir le débordement, plutôt que les murs.

Sources:

Timothy Morton: Subscendence (en anglais)

Masculinité hégémoniques:

--

--

riot
riot

Written by riot

Anti-authoritarian thoughts and post-identity politics. Original texts, translations and archives in French, English and Spanish. @riots_blog

No responses yet