Sergio Salazar - Au revoir à la Théorie Queer

riot
3 min readMay 3, 2021

--

Ce texte est un transcript traduit d’une conférence donné par le militant mexicain Sergio Salazar lors d’un de ses Talleres Nómada. L’original Adiós a la teoría queer, peut-être écoutée ici. Pour soutenir le travail de Salazar, vous pouvez faire des dons sur PayPal.

Photo de Sergio Salazar assis sur un banc au soleil

Ce truc de l’adieu à la théorie queer, c’est un adieu disons pour arrêter de rendre tellement d’hommages à un axe thématique occidental, qui dit ce qui est queer, et ce qui n’est pas queer, et qu’il y a des écologies queer… bon, basta.

Nous sommes face à des écrits qui ont été créés dans une rupture, une rupture qui nous touche beaucoup parce que nous sommes d’une certaine génération. Et qu’encore aujourd’hui, on vit dans les effets, les échos, les réverbérations des générations des années 68–69… et les suivantes. Nous, enfin, même si nous sommes né.e.s dans les années 90, chais pas, on est de cette génération. Alors, on est impliqué.e.s dans ces dispositifs, donc…

Et là j’reprend un concept entamé dans l’atelier de théorie queer, qui était : “le désir comme machine de guerre”, qui est le concept de Manada de lobas, avec Leonor Silvestri dans « Foucault para encapuchadas”. C’qu’y a, c’est que ces textes sont des machines, parce qu’ils sont produits dans d’autres machines, et que les méthodes ou les astuces, les trucs, les pistes qu’elles nous donnent pour les instrumentaliser contre un régime qui nous vampirise, qui nous pourrit, ça, c’est la valeur de la théorie queer ! C’est pas que « ah c’est queer » ou « oh c’est pas queer », c’est pas l’important. Ce qui compte, c’est qu’elle nous permet de travailler sur ce que j’appelle les “éthiques de la différence ou de la différenciation”, pour euh… Bon, à titre très personnel, moi, je crois bien plus, je ne dirais pas en “un séparatisme radical”…. pas lesbien ou je sais pas quoi hein… non, je ne me réfère pas à cela. Mais je crois en une rupture avec ces idées d’une société… où, donc j’insiste, où « le LGBT » n’est pas vu comme une “périphérie” (comme “le reste”, ce “qui est de trop”), mais que c’est plutôt une partie du pouvoir qui fonctionne pour « continuer à normaliser ».

Je ne dis pas qu’on devrait arrêter de nous nommer, pour nous situer à partir de là, ou depuis “la femme” ou les féminismes. Ce que j’en dis c’est que : si ces choses là, c’est performatif, c’est un acte, si c’est quelque chose que je fais, si c’est un « faire », alors travaillons avec ces concepts, avec ces idées, à partir du « faire », à partir du “penser comment se construit la différence”, avant de chercher des “sujets”, des “sujets queer”, dans les “sujets femme”, “sujets” ceci, cela. Bon, les subjectivités viennent et disparaissent, y en a des évanescentes [s’amenuisant progressivement], y en a d’autres très rigides, bon. On avance en se trouvant, et en travaillant ces “sujectivités”, ces concepts… mais surtout en antagonisant. Toute la théorie queer est antagonique… enfin elle a émergée des antagonismes au sein d’un mouvement qui semblait homogène, mais qui ne l’est même pas en rêves ! Alors, penser depuis l’antagonisme, l’antagonisme, comme productif. L’antagonisme est productif, c’est-à-dire pas s’entretuer, voyons, mais plutôt : factionnaliser, pour produire des alliances. Mais bon. C’est tout haha! C’est tout ce que j’ai à dire à propos de « la théorie queer », de fait, ouais, là déjà chui un peu épuisée, alors là encore plus de la théorie queer, mais bon, merci énormément…

Traduction Anonyme.

--

--

riot
riot

Written by riot

Anti-authoritarian thoughts and post-identity politics. Original texts, translations and archives in French, English and Spanish. @riots_blog

No responses yet